Research Abstract |
Dans les romans libertins du 18e siecle, deux sortes de conditions mettent en representation le corps humain. L'une sert de soutenement au corps traditionnel, que l'on retrouve egalement a l'oeuvre dans les peintures, la litterature, et en regle generale dans tous les arts occidentaux ou reside l'ame humaine. D'une autre maniere que le langage, ce corps exprime les sentiments, les emotions et les passions. Pour qu' un corps exprime son coceur, cela suppose l'existence d' un "vautrui" qui soit en mesure de comprendre ce discours muet. Les libertins de Laclos vivent au travers de cette communication verbale. Jouant en virtubses de ces deux types de communication, non verbale et/ou verbale, et en abusant de victimes novices, ils degradent les valeurs privilegiees du 18e siecle, a savoir la sensibilite, * charite et 1'intimite. Dans les romans anonymes de Sade, nous sommes en presence de l'autre corps : celui qui n'a niame ni sentiment, et nulle trace d'interiorite que la civilisation lui a depuis longtemps accordee a priori. Le corps, se reduit alors aux organes sexuels, a la musculature, aux molecules biologiques, ainsi qu'aux matieres inorganiques, comme le soufre ou le plomb. Les libertins vivent en general dans un lieu feme et separe de la societe, qui se derobe a la loi et aux pouvoirs publics. Comme ces corps-la ne possedent pas d'interiorite, s'il leur arrive d'entretenir entre eux des rapports sexuels, ils restent neanmoins totalement isoles les uns des autres. Quand les relations humaines sont impossibles, le roman ne peut advenir ni se derouler. Les personnages se reduisent a un nombre, leurs actions a un nombre de fois. Ainsi Les 120 journees de Sodome aboutit-il a un bilan comptable. Nous sommes donc forces de constater que le monde romanesque se soutlent d'un corps humain privilegie par son interiorite.
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